Faire l’école à la maison : avantages et inconvénients

Faire l’école à la maison : avantages et inconvénients

L’école à la maison attire chaque année des familles en recherche d’un cadre éducatif plus souple, plus respectueux du rythme de leurs enfants, ou plus cohérent avec leurs valeurs. L’instruction en famille, aussi appelée IEF, permet d’envisager autrement l’accès au savoir. Depuis 2021, la législation a considérablement resserré les conditions d’accès à ce mode d’instruction, sans pour autant freiner totalement son essor. Pour les familles concernées, l’enjeu est désormais autant pédagogique qu’administratif. Voyons ensemble les avantages et inconvénients de faire l’école à la maison.

Sommaire

Un choix désormais encadré par l’administration

Pendant de longues années, il suffisait d’effectuer une déclaration pour pratiquer l’école à la maison. Ce n’est plus le cas depuis l’application de la loi du 24 août 2021.

L’instruction obligatoire doit désormais se faire « prioritairement dans les établissements scolaires ». L’instruction en famille, ou ief, n’est autorisée qu’à certaines conditions, strictement définies par la loi.

Les demandes doivent être déposées auprès de l’académie entre mars et mai précédant l’année scolaire visée. Elles doivent correspondre à l’un des quatre cas suivants :

  • Un état de santé ou un handicap empêchant la scolarisation dans des conditions satisfaisantes
  • Une activité sportive ou artistique intensive nécessitant un emploi du temps aménagé
  • Une situation de déplacement prolongé ou un isolement géographique
  • Une situation particulière propre à l’enfant, justifiant un projet éducatif spécifique

Ce dernier motif, le plus délicat à faire valoir, nécessite un dossier solide : description du contexte, objectifs pédagogiques clairs, planification des apprentissages et méthodes d’évaluation.

La personne chargée de l’enseignement doit détenir au minimum le baccalauréat. L’autorisation peut être refusée si les garanties apportées sont jugées insuffisantes.

Comprendre le fonctionnement de l’école à la maison

L’instruction en famille prend des formes très diverses et certains parents s’appuient sur des cours structurés, comme ceux proposés par le CNED pour les cas autorisés.

D’autres préfèrent piocher dans des ressources pédagogiques disponibles en ligne, adapter des méthodes alternatives ou encore suivre une démarche d’apprentissage informel.

Le cadre légal reste inchangé : il faut respecter le socle commun de compétences, même sans suivre les programmes officiels.

L’inspection académique réalise un contrôle annuel pour vérifier la progression de l’enfant. Elle évalue aussi la capacité de la famille à organiser les enseignements et à assurer la continuité des apprentissages.

Le simple fait de suivre un cours par correspondance ne dispense pas d’un contrôle positif. L’autorisation peut être retirée si le niveau de l’élève est jugé insuffisant.

Les avantages de l’école à la maison

Avant d’envisager les défis que soulève l’instruction en famille, il convient d’en examiner les principaux avantages, souvent mis en avant par les parents qui y ont recours.

Une pédagogie au service du profil de l’enfant

L’IEF offre une grande souplesse pédagogique et permet d’ajuster le contenu et le rythme des apprentissages aux besoins spécifiques de l’enfant.

Les familles qui la pratiquent revendiquent souvent une approche individualisée, centrée sur les intérêts de l’élève, avec des allers-retours constants entre les disciplines plutôt qu’un découpage rigide.

Une temporalité respectueuse des besoins physiologiques

À domicile, le rythme scolaire s’efface au profit d’une organisation plus fluide. Les apprentissages peuvent se faire le matin, l’après-midi, ou s’intercaler avec des périodes de jeu, de repos ou de découvertes.

Ce fonctionnement permet de consacrer davantage de temps aux notions complexes ou aux matières difficiles, sans la pression du groupe.

Certaines familles intègrent même des pratiques comme la relaxation ou la pleine conscience dans le quotidien éducatif, sensibles aux bienfaits de la méditation dans le monde moderne et à leur impact sur la concentration ou la gestion des émotions.

Une mise à distance de la pression scolaire

Dans de nombreuses familles, le choix de l’IEF s’inscrit dans une volonté de sortir d’une logique compétitive perçue comme anxiogène. Les évaluations chiffrées, les comparaisons entre élèves et la recherche de résultats sont mises de côté.

Cette prise de distance favorise une approche plus libre et plus confiante de l’apprentissage. L’erreur y est mieux tolérée, considérée comme un passage nécessaire plutôt qu’un échec à éviter.

Certains enfants retrouvent ainsi le goût d’apprendre après une expérience scolaire jugée trop contraignante ou dévalorisante.

Les inconvénients de l’école à la maison

Malgré ses attraits, l’instruction en famille présente plusieurs limites que les familles doivent anticiper avant de s’engager dans cette voie :

  • Enseigner demande des compétences spécifiques. La pédagogie ne s’improvise pas, et l’investissement requis est souvent sous-estimé. Certaines familles se forment, mais les connaissances didactiques restent difficiles à acquérir sans accompagnement
  • La confusion des rôles entre parent et enseignant peut devenir pesante. Le parent instructeur est impliqué dans toutes les sphères de la vie de l’enfant, ce qui peut limiter son autonomie et créer une promiscuité peu propice à la prise de recul
  • Le rythme de vie peut s’alourdir. Gérer les apprentissages, la logistique du foyer et les activités extrascolaires laisse peu de place aux projets personnels. Le risque d’épuisement est réel, en particulier en cas de difficultés d’apprentissage
  • Le coût de l’IEF reste élevé. Il faut investir dans du matériel, des ouvrages spécialisés, des sorties éducatives ou encore des stages. Les dépenses engagées rendent ce choix peu accessible pour certaines familles
  • La socialisation peut être réduite. Malgré les rencontres entre familles IEF et les activités collectives, les enfants sont souvent confrontés à des environnements homogènes. L’absence de confrontation à la diversité peut limiter le développement des compétences sociales